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Le niveau du déficit public est-il acceptable ?

Le niveau du déficit est-il acceptableLe déficit public va se maintenir au-dessus de 4 % du PIB en 2014 et 2015. Est-ce souhaitable ou catastrophique ? Rappelons d’abord la raison fondamentale des inquiétudes portant sur la France. C’est le pays développé qui s’est le plus désindustrialisé depuis quinze ans, la part de la valeur ajoutée industrielle dans la production ayant chuté de 30 %. Compte tenu du rôle joué par l’industrie dans les exportations mondiales hors énergie et matières premières, avec une production industrielle retombée en 2014 au niveau de 1994, nos échanges extérieurs sont déséquilibrés depuis 2005 et le déficit de la balance courante a atteint près de 2 % du PIB en 2011-2013. L’économie est à l’arrêt en 2014, le pouvoir d’achat baisse depuis 2012 tandis que le déficit public ne se réduit pas en dépit d’une punition fiscale de 70 milliards d’euros en 2011-2013 et à nouveau d’environ 10 milliards d’euros en 2014. Les importations continuent de pénétrer nos marchés, signe du manque de compétitivité et d’attractivité de nos produits et services. Nos entreprises développent leurs activités hors de France compte tenu de l’écrasement fiscal et social de la production interne tandis que les investissements directs étrangers en France se sont effondrés. Certes, nous avons beaucoup d’atouts pour rebondir mais à force de passivité et d’archaïsme, on pourra bientôt nous appliquer le mot de Charles de Gaulle à propos du Brésil dans les années 1960 : « C’est un pays qui a son avenir devant lui, et pour longtemps encore ! »

C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier notre incapacité à réduire la dépense publique, qui se maintient à 57 % du PIB en 2014, comme en 2013. Les annonces de baisse de la dépense, une baisse toujours reportée dans les faits, apparaissent mirobolantes. La stagnation de l’activité ne permet pas que les hausses d’impôt ex ante se traduisent en baisse des déficits ex post. En un mot comme en cent, le pays est « planté ». Echoué dans la vase de la médiocrité et du renoncement à l’effort. Toute crédibilité du gouvernement est évanouie.

Dans cette situation délétère, renoncer à réduire le déficit, voire accepter qu’il dérape encore, apparaît suicidaire. De fait, il faut impérativement le maintenir en dessous de 4 % du PIB pour éviter un décrochage complet du marché de la dette publique qui serait mortifère, notre dernier atout étant la faiblesse historique des taux d’intérêt. Mais faut-il pour autant vouloir le ramener en urgence à moins de 3 % du PIB voire à l’équilibre comme en Allemagne ? Evidemment non, puisque cela affaiblirait plus encore la demande intérieure et pourrait provoquer un nouveau repli de la production. Dans ces conditions comment rassurer nos partenaires et redonner goût d’aller de l’avant aux entrepreneurs et investisseurs français ? Il faut réduire la dépense publique future et stabiliser les anticipations.

Quatre mesures s’imposent pour fixer un cadre cohérent de politique économique :

– Nous devons nous donner une norme d’évolution de la dépense publique, en l’occurrence nous imposer un gel de la dépense en volume pendant trois ans au moins en menant les réformes nécessaires des régimes de retraite et du bloc communal. L’âge de départ à la retraite doit être porté à 64 ans et la durée de cotisation allongée à 44 ans d’ici à 2024, d’une part, et il faut instaurer l’élection des exécutifs communaux au niveau des intercommunalités pour réduire les dépenses, d’autre part.

– Il faut réintroduire la dégressivité des allocations chômage après six mois et réduire la durée d’indemnisation à 18 mois sachant que d’autres dispositifs prendront en charge ceux qui n’auraient pas retrouvé de travail.

– La fiscalité du capital doit revenir dans la norme européenne si l’on veut relancer les investissements productifs.

– Les contrats de travail doivent être diversifiés pour réintroduire de l’adaptabilité. Il faut notamment créer des CDD longs permettant de remettre le pays au travail.

On ne peut maintenir le déficit public à un niveau élevé sans retrouver un début de crédibilité sur le moyen terme. Il faut agir vite. Sinon, nous aurons un ajustement subi à l’italienne.

Le choix est simple : l’intelligence tout de suite ou le bain de sang fiscal demain.

 

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